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C'est la vie, que veux-tu
31 décembre 2018

Trop de bite

Il paraît que les femmes féministes ont besoin de coups de bite. C'est en tout cas ce que disent certains hommes dont j'ai pu lire la prose délicieuse sur les réseaux sociaux. Car apparemment, si nous avions pris assez de "coups de bite" à leur goût, nous ne serions pas féministes. Baisées, matées, dressées par notre mâle dominant, nous saurions rester à notre place et nous n'aurions pas l'idée saugrenue de parler d'égalité des sexes. 

L'expression "coup de bite" est d'ailleurs assez révélatrice. Un coup, comme se prendre un coup de poing ou de pied. Pas du plaisir, du partage, de la sensualité, non, un coup, pour nous dresser, nous, les femmes pas assez soumises. Quand cela ne va pas tout bonnement jusqu'à la menace explicite de viol, d'autant plus banalisée sur les réseaux sociaux qu'elle est rarement sanctionnée. 

ROCCO

(Commentaire à propos d'une annonce de colocation, deux femmes précisant qu'elles ne souhaitaient pas de colocataire homme cis. Un commentateur avisé en a donc déduit qu'elles avaient besoin de "coups de bites". LA LOGIQUE)

D'où vient cette fascination égocentrique qu'ont beaucoup d'hommes cis pour leur bite ? Freud pensait que les petites filles étaient frustrées lorsqu'elles découvraient qu'elles n'avaient pas de pénis. D'après mon expérience personnelle et ma propre enfance : non. Cependant ce mythe des femmes cis qui désireraient avoir un pénis n'a pas complètement disparu des têtes, puisque certains hommes antiféministes sont convaincus que les femmes veulent avoir une bite, ou alors qu'elles veulent des coups de bite. Tout cela ne semble pas très clair dans leurs têtes embrouillées, la seule chose claire étant qu'une femme aurait BESOIN du pénis, sans lequel elle ne saurait pas vivre. 

L'obsession de la bite prend volontiers des relents lesbophobes et transphobes. Ainsi on demande à des femmes lesbiennes si cela ne leur manque pas, quand ce ne sont pas des harceleurs dans l'espace public qui s'en prennent à des couples de femmes avec de délicates invitations au coït. 

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 Témoignage tiré de la page Lesbeton

Les femmes trans subissent autrement cette obsession de la bite : questions indiscrètes ("Vous êtes opérée ou pas ?") visant à savoir si oui ou non, elles l'ont toujours, clichés dégradants. L'auteure américaine trans Julia Serano, dans son essai Whipping girl, décrit un cliché qui revient fréquemment sur les femmes trans dans la fiction : une femme trans séduisante, ultra "féminine", et "passant" pour cis, réussit à séduire un homme cis, mais elle est "trahie" par la découverte de son pénis. Les plaisanteries récurrentes sur le pénis (réel ou supposé) des femmes trans jouent sur la même obsession transphobe : une femme trans peut "passer" pour cis, mais une allusion grossière à son appareil génital permet de la "remettre à sa place" pour lui faire comprendre qu'elle n'est pas vraiment considérée comme une femme. Le fait qu'une femme trans prenne la décision de se faire construire un vagin par opération chirurgicale suscite une fascination mêlée de répulsion : comment un être humain doté d'un pénis peut-il décider de s'en séparer, d'avoir un vagin à la place ? Comment peut-on souhaiter avoir un vagin ? Puisque Freud a dit que les femmes veulent un pénis ! C'est une incompréhension totale pour certains hommes cis qui demeurent naïvement convaincus que les femmes les envient et sont jalouses d'eux parce qu'elles veulent leur bite. Scoop : un être humain épanoui peut très bien vivre sans. Est-ce que je me demande, moi, comment font les hommes cis pour vivre sans ce clitoris merveilleux qui permet de jouir rapidement, longtemps et par la simple grâce d'une caresse manuelle ? Re-Scoop : aucun besoin de bite pour jouir et avoir des orgasmes. 

Clitoris

Le pauvre, s'il savait... 

Donc, chers hommes cis, si vous êtes concernés par tout ce que j'ai dit, si votre bite vous fascine à ce point, faites-vous une auto-fellation et laissez en dehors de tout ça le reste de l'humanité qui ne partage pas forcément votre idolâtrie. Merci. 

 

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Mais apparemment, avec Audrey Dana, on n'est pas non plus sorties de l'auberge. La bite, toujours la bite. Est-ce un hasard, cependant, si une femme bénéficie plus facilement d'une promotion médiatique conséquente en faisant ce genre de film ?

 

 

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