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C'est la vie, que veux-tu
15 juin 2014

Pointer du doigt les minorités

En France, les médias évoquent parfois la nécessité de poursuivre la lutte contre l'antisémitisme. C'est nécessaire en effet, car si l'antisémitisme est moins massif qu'il y a quelques dizaines d'années dans la société française, il n'a pas disparu. Cependant, on peut s'interroger sur les motivations de certains journalistes qui, sous prétexte de contribuer à la lutte contre une forme de racisme (l'antisémitisme), favorisent une autre forme de racisme.

Ainsi les médias parlent d'un "nouvel antisémitisme" ou d'une "nouvelle judéophobie", en désignant clairement les supposés coupables : des jeunes "arabo-musulmans" (l'expression est ô combien vague, mais elle est volontiers employée dans la presse...).

A mon avis, cela pose question. Déjà, si un "arabo-musulman" est antisémite, en quoi son antisémitisme est-il "nouveau", en quoi est-il forcément différent d'un antisémitisme fort ancien qui existe depuis longtemps en France ? Et puis, par ailleurs, pourquoi pointer du doigt spécifiquement les "arabo-musulmans" comme s'ils étaient les seuls susceptibles d'être antisémites ? (pour rappel, à ma connaissance, Hitler ou Pétain n'étaient pas vraiment connus pour leurs origines arabo-musulmanes)

Et puis, on pourrait faire remarquer (ce que la presse ne fait pas, ou peu, à ma connaissance) qu'il existe un phénomène "inversé" : à savoir que certains juifs sont racistes anti-arabes, et/ou islamophobes (et parfois pour les mêmes raisons que certains "arabo-musulmans" antisémites : une vision simpliste du conflit israélo-palestinien). Cependant, les médias ne croient pas bon de parler du racisme quand il vient de personnes juives comme si c'était un racisme spécifique, sans doute parce qu'ils jugent que ce serait stigmatisant pour la population juive. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas appliquer la même logique à l'antisémitisme ? N'est-il pas stigmatisant de pointer du doigt les "arabo-musulmans" comme si eux seuls pouvaient être antisémites ?

Par ailleurs, quand on dit "il y a des arabes antisémites" ou "il y a des juifs anti-arabes", cela revient finalement à la même chose : pointer du doigt des populations minoritaires en France, pour mieux faire silence sur la majorité. Ainsi, on ne juge pas nécessaire de dire que certaines personnes chrétiennes, blanches, peuvent être antisémites, racistes anti-arabes et/ou islamophobes. Privilège de la population majoritaire qui ne se désigne pas elle-même parce qu'elle a l'illusion de représenter la norme. Faire croire que les antisémites seraient forcément des non Blancs permet aux Blancs de se dédouaner de leurs propres responsabilités. Ainsi on pointe du doigt les "arabes", les Noirs (Alain Soral est tout aussi antisémite que Dieudonné, mais il est blanc... est-ce pour cela qu'on parle moins de lui ?). Ainsi les bons Blancs de culture chrétienne peuvent se convaincre que les antisémites, ce ne sont pas eux, mais les autres.

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